Rosa
Inspiré d’images fantasmagoriques et de rituels archaïques, Silver Rosa fait surgir la nécessité viscérale de créer du lien entre individus. Yuval Pick souhaite nous mettre en mouvement et nous toucher au coeur. L’endroit où palpite nos désirs sans fin.
Son travail est nourri depuis son origine par le désir de créer du commun, de construire à partir de nos altérités de nouveaux possibles. Pour cette création, il réunit un groupe de dix danseurs d’âges et d’origines diverses, chacun reflet d’un monde et d’une histoire singulière, dans un paysage miroitant, aussi archaïque que futuriste. Avec eux, Yuval Pick invente de nouveaux mythes en s’appuyant sur des rituels folkloriques, des chants et des mouvements partagés.
Silver Rosa tire un trait d’union entre les traditions, les gestes et les musiques qui nous connectent. Le chorégraphe, directeur du Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, compose une oeuvre qui répond à l’urgence contemporaine de se relier aux autres. Son approche holistique, qui embrasse la multiplicité des existences et des expériences, interroge : à quoi tient notre humanité ?
Le désir de cette pièce est né pendant le confinement. Comment avez-vous traversé cette période ?
Yuval Pick (YP) — On a tous vécu cette halte dans notre chair, avec nos corps. La multiplicité de nos expériences m’a beaucoup frappé. J’ai voulu faire état de cette densité en réunissant des danseurs·euses de ma compagnie qui ont plutôt la vingtaine, la trentaine, et des interprètes de plus de 45 ans. Danser après cet âge est courageux, dans un métier où le vieillissement n’est ni visible ni valorisé. Leur parcours de vie se perçoit dans leurs gestes. Ça n’a rien à voir avec la beauté et la force des plus jeunes. Avec cette équipe, nous avons travaillé autour de la notion de lien. Si la pandémie a révélé l’interconnexion des corps, elle a surtout souligné son absence. Nous sommes des créatures de plus en plus autosuffisantes, nos vies sont de plus en plus déconstruites. Il me semble urgent de lutter contre cela, car le lien à l’Autre est une nécessité viscérale, c’est ce qui donne de l’amplitude et de la joie à nos existences. Je me demande : à quoi tient l’humanité aujourd’hui ?
Vous vous êtes intéressé aux chants de gorge inuit ou au carnaval de Sardaigne. Deux traditions de corps et de sons ancestrales.
YP — J’avais envie de revenir à des choses fondamentales et archaïques : les folklores. C’est aussi par là que j’ai commencé la danse. Le chant de gorge inuit est un jeu à deux, en face à face, exécuté par les femmes et qui connecte très profondément au soi. Les danseurs·seuses ont traversé cette pratique. Mais ce qui m’intéresse, ce n’est pas qu’ils la reproduisent de manière traditionnelle, c’est de voir quels états de corps elle produit. En Sardaigne, le carnaval de Mamoiada m’a énormément touché. J’ai vu un village entier, enfants comme vieillards, porter des gigantesques sacs à dos de cloches et sauter pour les faire sonner. J’aime l’idée de faire du bruit ensemble, de trouver un accord par un acte commun.
Quelle matière chorégraphique a émergé de ces processus ?
YP — Depuis plusieurs années, j’ai développé une méthode de danse appelée Practice. L’un de ses fondamentaux est la rotation, un travail à 360 degrés. Il s’agit de perturber la « tige urbaine » que nous sommes, de proposer une autre manière de se tenir, de laisser bouger notre buste, le plexus, l’estomac, le coeur, toute la vie qu’il y a à l’intérieur. Pour cette création nous avons travaillé autour de la ligne et du cercle, deux figures archaïques présentes dans les rituels de danse. Notre art révèle à la fois toutes les couches de notre être, conscientes ou inconscientes, de la société, de l’humanité et les relations qu’elles entretiennent. C’est ça, pour moi, être à 360 degrés.
— Propos recueillis par Léa Poiré pour La Biennale de la danse de Lyon 2023
Chorégraphie : Yuval Pick
Assistante chorégraphique : Sharon Eskenazi
Interprètes : Gilles Baron, Julie Charbonnier, Céline Gayon, Simon Hervé, Axel Escot, Anne Foucher, Madoka Kobayashi, Adrien Martins, Francesca Mattavelli, Ernest Sarino Mandap
Musique : Max Bruckert
Assisté de Pierre-Jean Heude
Scénographie : Bénédicte Jolys
Lumières : Sébastien Lefèvre
Costumes : Gabrielle Marty
Assistée de Florence Bertrand
Production : CCNR/Yuval Pick
Coproduction : Château Rouge, scène conventionnée à Annemasse, La Biennale de la danse de Lyon 2023, Le Toboggan à Décines-Charpieu, en cours…
Accueils en résidence : Maison de la Danse, Lyon – Pôle européen de création, Château Rouge, scène conventionnée à Annemasse, Le Toboggan à Décines-Charpieu…
Remerciements : Romain Tissot, Balyam Ballabeni, Maxence Ellul, Amandine Fonfrede, L’Echappée – médiathèque de Rillieux-la-Pape
Durée : 60 min environ
Crédit photo : Romain Tissot
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